Ces LL "Liberté"

La crise de la GLNF ne se limitera pas à une révolution au sein d’une institution corrompue. Un processus s'est engagé, qui ira bien au-delà.

Ainsi, déjà, la F.M. détournée et pétrifiée par un péplum archaïque protecteur de l’ordre établi contre toutes libertés, considérées comme subversives, est-elle remise en question. Et pour cause, la GLUA n'a-t-elle pas maintenu sa reconnaissance tutélaire à la GLNF, tant que celle-ci fut tenue d’une main de fer par une gouvernance qui se protégeait férocement, et bien que celle-ci se fut depuis longtemps égarée loin de nos idéaux? Et n'est-ce pas pour des raisons profanes (administration judiciaire) dans lesquelles les considérations morales n'ont jamais pesé, qu'elle a finalement retiré cette reconnaissance?

Après une hibernation de 2 siècles, la F.M. frémit. En France, des appareils dits «réguliers» s'interrogent, certains craquent :

Les uns font état de réformettes érigées en réformes, pour donner à croire que les mêmes individus peuvent réhabiliter une organisation détournée de son objet qu’ils avaient, par action ou par omission, servie, et contribué à dégrader ;

Les autres affrontent les mêmes vieux réflexes d’appareil qui ressurgissent là où l’on croyait avoir tout fait pour s'en protéger. Pris en otages par de vieux apparatchiks, ils peinent à honorer les libertés promises ;

Et tous font assaut de régularité pour conserver ou retrouver la sacro-sainte reconnaissance de la GLUA, cette institution qui peut s'honorer de l’enfouissement réussi de la F.M. dans un musée.

Devant ces choix peu contrastés, des RRLL renvoient dos à dos les uns et les autres, et se déclarent «libres» de tout assujettissement à une GL. Dans l'attente d'une réponse mieux en conformité avec la souveraineté des LL.

Aucun texte en effet, ni aucune tradition, n’a jamais prévu ni imposé des GGLL à la F.M. universelle, qui ignorait les frontières. Cette organisation opportune est née avec la GLUA (issue de la GLLW), et elle a été mise en place pour contrôler la F.M. et l'assujettir au pouvoir temporel.

Alors se pose inévitablement la question de l'intérêt des GGLL de cette F.M. "obédientielle" qui revendique et impose ses dogmes à partir de textes, souvent issus des traditions authentiquement maçonniques, mais sélectionnés et arrangés. N'ont-elles pas fait plus de mal que de bien à la F.M.? Sont-elles utiles à autre chose qu'au contrôle de la démarche maçonnique? Que lui apportent-elles, qui serait impossible sans elles?

Les LL "libres" ouvrent leurs temples à tout homme né libre (initié), rendant ainsi à la F.M. sa dimension universelle, improprement réduite à elle-même par la F.M. dite «régulière et reconnue» plutôt caractérisée par son ostracisme à l'encontre de ceux qu'elle ne reconnait pas, fussent-ils "réguliers".

En Midi-Pyrénées, plusieurs LL libres suivent leur propre chemin, sans rien abdiquer de leur "franchise" aux mains des appareils.

Après plusieurs autres, la RL « ADN » vient de quitter le port qui l’abritait pour exprimer et assumer sa liberté et les choix auxquels elle procédera souverainement.

La cérémonie d’installation de son M élu a réuni des FF d'horizons différents qui ont goûté avec elle la joie d’être débarrassés des interdits sectaires des états-majors, et de cette uniformité qui détourne l'harmonie en ordre.

Ce soir-là flottait un parfum de renaissance.

Ainsi la F.M. peut-elle se redéfinir à partir de ses cellules-souches, les LL. 

Que celles-ci choisissent ou non de créer une entité collective représentative, ou qu'elles rejoignent une fédération préexistante, dite GL, la F.M. est issue de LL souveraines et n'existe que par elles. Aucune instance ne peut prétendre les représenter sans une délégation explicite, limitée et réversible qui n'a rien à voir avec l'organisation militaro-religieuse que propose la F.M. d'état.

Contrainte depuis 2 siècles dans le carcan moyenâgeux de la GLUA, la FM est-elle en train de desserrer les mâchoires de l’étau ? A Dieu plaise !

Antoine Collange