Il a trahi, et échoué, et il va s'en laver les mains

La pétition pour la destitution du GM Alain Juillet, lancée le 17 septembre dernier, s’est appuyée sur une disposition de nos statuts qui prévoient que le processus de destitution soit engagé dès lors qu’un tiers des LL y a souscrit. Ce ne fut pas le cas.

Dont acte.

Cette pétition a toutefois généré de nombreuses réactions parmi lesquelles une union sacrée des 6 AAGGMM signant ensemble dans la précipitation (19 septembre 2014), un communiqué national pour dénigrer l'auteur. Ce communiqué émanant de VVFF qui constituent la «couronne de l'Alliance» a mis en évidence leur inquiétude, et il a apporté quelque éclairage sur leurs positions et compétences : sur le fond, nos AAGGMM signataires, y compris le VF Claude Be..., GM élu, sont solidaires des acteurs des pratiques dénoncées ; et sur la forme, leur communiqué, qui s’en tient à une attaque ad hominem fondée sur leur seule signature car sans aucun élément factuel à l’appui, est indigne et mal pensé. Gémissons !

Qu’en est-il maintenant ? Il n’est pas très grave que la pétition n’ait pas abouti. Elle aura mis en évidence la connivence des instances auxquelles se sont joints maladroitement les AAGGMM dont l'on ne peut plus espérer qu'ils constituent avec le Conseil des Sages un rempart moral et constitutionnel de la GL-AMF. Cette pétition a mis l'information et les moyens de la vérifier à la disposition de ceux qui ne souhaiteraient pas garder toute leur vie le bandeau sur les yeux : aucun membre de la GL-AMF ne peut plus invoquer son ignorance des pratiques qui ont cours en son sein.

Des pratiques,

dont les techniques, plus rares en F.M. qu’en politique, sont le retournement des mots, le mensonge et la manipulation de l’opinion. Le goût du pouvoir tend en effet à la conquête du pouvoir par tous les moyens, y compris la démocratie, comme appât ;

dont l’objet semble le contrôle d’un groupe humain qui représente, quoiqu’on en veuille, un poids politique, un groupe qu’il convient de contenir dans une spiritualité ordinale qui permet d’exiger une soumission confiante, et qui invite hypocritement à ignorer les critiques qui profaneraient une si belle harmonie ;

dont les acteurs sont, le GM Alain Juillet, relayé par les hommes qu’il a poussés à la tête des diverses instances, et qu’il couvre en engluant les protestations dans des esquives dilatoires: il a ainsi couvert, entre autres exploits, la Maison du REAA, et son AGM Charles To... lequel se joue de ses propres règles et se prête à leur contournement par un Expert régional (Alain Ro...) au bénéfice de quelques manœuvriers qui s’étaient eux-mêmes mis au ban de leur loge (RL 582) ; la Chambre de Justice et son «Président» Patrick Be..., nommé au lieu d'être élu et donc illégitime selon nos statuts, et les membres de cette Chambre, juristes et avocats qui jouent aux juges mais bafouent la justice et la morale, jusqu’à se prêter pour arriver à leurs fins à d’invraisemblables manipulations d’identité que seules ont rendu possibles la connivence et la certitude de l’impunité (cf. les éminents FF Laurent Pi…, et Thibault dMdJ) ; les AAGGMM, parmi lesquels hélas le GM élu Claude Be.., auteurs sans vision ni recul d’un communiqué national navrant où l’incompétence le dispute à la panique ; et, enfin, le Conseil de Surveillance et le Conseil des Sages qui n’ont (presque) rien vu d’anormal.

La terre promise n’est donc pas la terre promise, et le navire sur lequel nous avons embarqué ne nous a pas amenés là où l’équipage, élu pour la route, avait promis de nous conduire. Nous avons été trompés. Le navire n'a pas bougé du quai et l’air est toujours pollué par des remugles que l’on croyait avoir laissés derrière nous, qui émanent de ceux qui, parmi nous, n’ont accompagné notre migration que pour l’encadrer et la contrôler.

Au-delà de la GL-AMF, cette trahison met en danger la CMF qui est la meilleure initiative née depuis 50 ans au sein de la F.M. française, pour la dépoussiérer et la rendre un jour à l’universalité à laquelle elle prétend. La CMF risque de s'étioler du fait de l’ambiguïté de la démarche de son Président, Alain Juillet : trop désireux de revenir en héros reconnu par la GLUA, il aura trahi ses engagements pour les bonnes grâces d’une institution momifiée et sectaire dont nombre d’entre nous n’ont rien à faire. Pour échouer d’avoir poursuivi deux objectifs inconciliables : débarrasser la GLNF de ses éléments libres et protestataires, et les ramener à la GLUA pour récupérer une AOC surfaite.

Seule la GLNF, dont il a empêché l'implosion et le risque pour tous que son rôle dans l'arrière cour de la République soit porté sur la place publique, peut à ce jour s'estimer satisfaite de l'opération.

Que d’espoirs gâchés parce qu’un Président politique aura choisi la démocratie comme appât pour nous embarquer sur un « Exodus » qui n’a même pas largué les amarres.

Quel avenir pour la GL-AMF ?

Alain Juillet a fait passer à la GL-AMF tout ce qu'il a voulu, au nom d'un projet extérieur qu'il a planté. Et nous nous retrouvons avec un seigneur de guerre à la tête d'une "armée" sans objet, qu'il va léguer à son successeur sans que son bilan et sa responsabilité soient évoqués.

Le GM élu va hériter d'une situation dont il n'est pas sûr que, ébloui par le titre, il ait bien mesuré la complexité. Sa participation au lamentable communiqué des AAGGMM n'est pas rassurante quant à sa capacité de distanciation et de vision. Espérons que la fonction créra l'organe ? Espérons !

Toujours à quai, le navire tient l’eau, grâce à la circonspection, ou à cause de l’indifférence, des milliers de « FF passagers » qui n’ont pas souhaité enchaîner les rébellions. Ils n’ont pas cru les faits dénoncés, ou n'ont pas jugé qu'ils justifiaient un nouveau conflit mais, si les héros sont fatigués, ils sont maintenant informés. Et l’on peut penser qu’ils sauront un jour reconnaître le déroulement à l’identique de la stratégie qui s’est développée sur une période de 20 ans à la GLNF, modifiant sournoisement les textes pour finalement accoucher de Stifani.

Osons espérer que du sein des LL ils souhaiteront alors y faire obstacle et se doter de dirigeants qui honoreront les promesses de la Renaissance maçonnique un moment entrevue.

Les outils existent : les instances de régulation (Conseil de Surveillance, Conseil des Sages), à condition de se montrer plus vigilantes et plus courageuses, peuvent donner le signal du nécessaire sursaut en contrôlant réellement le respect par les instances exécutives des engagements de la GL-AMF, de l'esprit, et de la lettre des textes fondateurs,  ... et de la morale.

Autopsie d’une trahison

28 avril 2012 - Fondation de la GL-AMF - Alain Juillet est élu GM. Cf <www.gl-amf.org>

Extraits :

« La promesse d’une renaissance... 

…/…

La Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française repose sur trois impératifs : 

•  affirmer les Loges dans leur souveraineté

…/…

La Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française repose sur quelques règles intangibles :

•    Souveraineté de la Loge, la situant résolument au centre de l’Institution

…/…

•    Équilibre des pouvoirs 

Le pouvoir législatif, assuré par les mandataires des Loges, et l’exécutif, assuré par un Grand Maître élu pour un mandat unique de deux ans, fonctionnent en harmonie»

C'était trop beau !

En fait d’équilibre des pouvoirs, Alain Juillet a rapidement réuni entre ses mains tous les pouvoirs : Président de l'Association et GM de la GL, Alain Juillet est aussi Président du Bureau National (exécutif civil) dont il nomme les 6 membres qui y siègent à ses côtés, Président du Conseil de GL (exécutif maçonnique), et Président du Grand Collège qui réunit notamment les 6 Assistants GM des rites pratiqués à la GL-AMF.

Il nomme, directement, les membres de la Chambre de Justice et 3 des 9 membres du Conseil des Sages, et indirectement, via le Conseil de GL qu’il préside, 3 autres membres soit 6 des 9 membres de ce très influent Conseil des Sages.

Une nouvelle fois, une position inexpugnable organisée pour durer a pu être construite au vu et au su de tous, et l'on va comprendre que cette position une fois acquise, les promesses de campagne n’engagent plus que ceux qui les ont crues :

28 février 2014 - Alain Juillet écrit à la RL GB 185 qui l’a interpellé sur l’interventionnisme de la Maison du REAA :

« vous n’avez que deux positions possibles : être dans la GL AMF, respecter son mode de fonctionnement ( ?) …/… ou la quitter ».

« (Vous) oubliez qu’il y a un statut et un règlement de la maison du Rite qui a été voté par les Loges (p. 1, §2) ».

Notre commentaire : n’en déplaise au GM, nous avons l'intention d'exprimer librement notre point de vue et de le défendre lorsque cela nous paraît justifié et nécessaire. La GL-AMF appartient à ses membres, tout comme ils "appartiennent" à la GL-AMF, et nous entendons la vivre, et la faire vivre. Les membres et FF de l'Alliance ne sont pas les sujets du Président/GM qui ne peut les chasser pour délit d'opinion.

Le Règlement de la Maison du Rite (REAA) concerne … la seule Maison de rite, et non la GL-AMF. Le GM confond délibérément les deux niveaux. En fait, le Règlement Général de la GL-AMF a été modifié en Mai 2014 sans être soumis au vote des LL. Alain Juillet préfère se limiter à dire que cela est légal. Ce qui est vrai depuis que, dans un "souci de simplification", le Bureau national (qu'il préside) a été autorisé à modifier le Règlement général sans passer par l'AG.

Et, le « mode de fonctionnement », qu’il invoque pour couvrir les velléités d'un apparatchik de la Maison du REAA, s’alimente de la confusion GL-AMF/REAA qui n'a aucun fondement statutaire ni règlementaire.

…/…

« (Vous) oubliez que les statuts et constitutions ont été votés en Assemblée générale par les Loges et que les Assistants Grand Maitres et moi même avons été élus par les mêmes Loges (p. 1, §2) »

« vous remettez en cause le mode de fonctionnement de l’Alliance telle qu’elle a été choisie par les Frères et confirmée de manière répétitive par leurs votes (p. 1, §3) »

« Je ne remettrai pas en cause parce que vous voulez le changer le modèle voté qui satisfait la quasi totalité des frères (p. 2, §2) »

« Tous les frères en conviennent, l’écrivent et l’affirment par leurs votes. (p. 2, §2) ».

Notre commentaire : Nous n'oublions rien : le GM Alain Juillet semble ici considérer que son élection, statutaire et légitime, lui donne tous les droits et devrait même lui épargner les critiques. Nous lui demandons justement de s'en tenir aux statuts et aux engagements pris, dont il semble s'estimer libéré par des votes favorables qu'il attribue à sa personne. Et aussi, nous lui demandons d'oublier son "mode de fonctionnement" qui tend à consacrer par l'usage des dispositions arbitraires.

Il invoque abondamment les votes qui lui sont favorables, mais dont l'examen révèle parfois des manipulations: ainsi, ce serait dans "un souci de simplification" des procédures que les statuts approuvés le 30 novembre 2013, ont prévu la possibilité pour le Bureau national de procéder aux modifications du Règlement général sans les soumettre à l'AG. Mais les premières modifications, publiées en mai 2014 par le Bureau national (que préside le GM Alain Juillet) et immédiatement exécutoires, comportent notamment 2 articles qui constituent des atteintes caractérisées à la liberté d'expression et à la souveraineté des LL (7-1, et 8-3-3, cf. ci-dessous). Pour que de telles dispositions soient néanmoins recevables elles devraient figurer aux statuts, et non au seul Règlement général, et donc être soumises au vote de l'AG.

Faute d’attention sur ces points, c'est ainsi que les libertés disparaîtront arbitrairement grâce à un maquillage "démocratique et légitime" digne de professionnels de la politique.

Mai 2014 - Modification du Règlement général, art. 7, §1, nouveau texte :

« Aucun Membre de l’Association ne peut, par le moyen de quelque support que ce soit et sous quelque forme que ce soit, émettre auprès de quelque public profane ou maçonnique que ce soit, des propos dénigrant la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française ou l’un de ses Membres et d’une manière générale s’interdit toute attitude ou situation de nature à troubler le fonctionnement de la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française ou de porter atteinte à son image ou à sa réputation ainsi qu’à celles de ses Membres ».

Notre commentaire : Il suffira aux instances dirigeantes de s'estimer dénigrées pour faire cesser toute critique en l’engluant dans des procédures à l’infini. C'est déjà le cas depuis Juillet 2013 avec la Chambre de Justice, dont Alain Juillet a nommé le Président au mépris de nos statuts qui prévoient que celui-ci soit élu par ses membres.

Mai 2014 - Modification du Règlement général, art. 8.3 §3, nouveau texte :

« Tout Membre adhérent ou associé (loge) doit être en mesure de justifier à tout moment du respect de ses obligations tant civiles que maçonniques auprès des délégués mandatés à cet effet (délégués du Bureau National – Inspecteurs ou Experts des Maisons de Rite) ».

Notre commentaire : Les LL sont fédérées au sein de la GL-AMF et se conforment à une règle acceptée qui n’implique pas de hiérarchie ni de dispositif de contrôle autoritaire. L’art. 11.3 des statuts, auquel renvoie le Règlement général, précise bien : « Le Maître de la Loge en chaire est dépositaire de l’autorité spirituelle de la Loge dont il est indissociablement le Président au plan civil ».

Les dispositions de l'article 8-3-3 du RG sont en contradiction avec ces dispositions statutaires, et avec l’esprit même qui a présidé à la fondation de la GL-AMF, relatif notamment à l’affirmation des LL dans leur souveraineté (cf. ci-dessus).

Juin 2014 - Extraits de l’allocution de l’AGM de la MREAA, reprise dans le n° 6 de « Transmission », organe de la maison du REAA :

« nous travaillons dans des LL « dites » ( ?) souveraines » (col. 1, § 3)

« nous nous sommes interrogés sur ce que signifiait exactement la souveraineté des LL proclamée par nos statuts » (col. 1, §3)

« La Souveraineté des LL proclamée par nos statuts n’a ici en aucun cas le sens que lui attribue le monde profane ». 

« la signification de souveraineté est à rechercher dans un sens initiatique » (col. 5, § 4)

« la souveraineté ne signifie donc pas que les LL sont libres de gouverner comme elles l’entendent » (col. 5, § 5)

« La charte et la patente, sur un même document ( ?), déterminent le cadre général dans lequel les LL exercent leur souveraineté » (col. 6, § 2)

« Mais qu’est-ce que la Liberté ? Comme pour le Devoir, nous devons nous garder du sens profane de cette notion » (col. 2, § 8)

Notre commentaire : Les statuts ne sont pas un texte biblique qu'il conviendrait de décrypter, surtout par ceux qui les ont élaborés, et après qu'ils les aient fait adopter en AG. Il s’agit d’un texte civil et récent qui ne souffre aucune interprétation ésotérique. Les analyses acrobatiques de l'AGM du REAA tendent à reconsidérer les engagements relatifs à la souveraineté des LL.

28 juin 2014 - Interpellé sur les modifications du Règlement général de la GL-AMF, Alain Juillet répond :

« Je vous rappelle également que ces dispositions ont été validées à plus de 88% par les Délégués des Loges réunis en session extraordinaire du Congrès National le 30 novembre 2013 » (lettre du 28 juin 2014, p.1, §2)

Notre commentaire : Seuls les statuts ont été soumis au vote des LL, le 30 novembre 2013. Le Règlement général modifié en Mai 2014 n'a pas été soumis à ce vote, ni à celui de Juin 2014. Le GM Alain Juillet ne peut ignorer qu’il fait œuvre de désinformation.

Pierre Lanjuin