Chacun sa route

Les hommes passent, les institutions aussi. Elles durent un peu plus longtemps mais elles ne sont pas immortelles. Surtout elles tombent quand, devenues leur propre finalité, elles se retournent contre leur raison d'être.

La GLAMF, l’Alliance, doit le jour à des FF qui ont su dire NON à une gouvernance déviante de la GLNF, sans renier leur démarche maçonnique. L'on ne condamne pas une idée pour une mauvaise application qui en est faite. Et c'est leur départ qui a évité une confrontation interne explosive, et sauvé la GLNF d'un naufrage dans le tumulte public.

Ces FF, habituellement peu réputés pour leur audace, révélèrent par leur nombre élevé l’aspiration qui les animait toujours, leur rejet d’une gouvernance déviante et d’une F.M. archaïque et sectaire, et leur choix en faveur de LL souveraines et d'une F.M. authentiquement universelle.

Bientôt 3 ans, et,

La F.M. archaïque a retrouvé le musée de Londres après avoir réajusté ses bandelettes.

La GLAMF a survécu à des épreuves qui donnent confiance en son avenir. Elle a résisté aux fragilités de la naissance, et aussi à d'autres aléas, tels :

Un GM abusant de son « pouvoir social » pour trahir les principes sur lesquels l’Alliance s’était constituée, après qu'il eut pris la tête de la migration hors la GLNF sans avoir été à l’initiative d’une protestation qu’il a récupérée ;

La fascination dudit GM pour une reconnaissance par la GLUA, dont nombre de FF se moquent, et sa conviction qu'un effectif important en serait l’argument majeur, avec pour résultat d’en avoir convaincu tout le monde, sauf ladite GLUA ;

Le noyautage par d’anciens non-combattants, amateurs de coups tordus, qui l'ont dressée contre elle-même et qui courent se plaindre auprès du chef complaisant lorsqu’ils essuient une riposte ;

La GLAMF a survécu à tout cela. Ce n'est pas rien, et ce n'est à l'évidence pas à son état-major qu'elle le doit, mais aux LL qui l'ont ignoré. 

Ainsi, ceux qui, au sein de la GLAMF, veulent faire taire la critique au nom d’un danger pour sa cohésion, ou ceux qui à l’extérieur veulent récupérer ces critiques pour y voir une fragilité qu’ils espèrent, en sont-ils pour leurs frais. Nous n’avions attendu personne pour remettre en question la F.M. pétrifiée (cf. « La reconnaissance m’a tuer », 24 août 2012), ni pour dénoncer ceux que nous avions élu contre cette F.M. sectaire, lorsqu'ils l'ont reconstituée à la GLAMF au mépris de leurs promesses et de leur mandat.

Comme la GLNF, mais plus vite qu’elle, la GLAMF aura souffert d’une gouvernance félonne et d'un appareil idéologique dont elle a emporté le germe lors de son exode. Elle devrait s’en remettre, en corrigeant les plus grosses anomalies, tout en honorant leurs auteurs et en stigmatisant ceux qui les ont dénoncés, pour ne pas se désavouer. La vie du FM n’est pas un long fleuve tranquille.

Il ne faut donc pas relâcher notre vigilance, et quelques questions se posent depuis la reconnaissance de la GLNF par la GLUA, notamment :

Que deviendra la CMF, si cette belle initiative en faveur d’une F.M. authentique, œcuménique et universelle, se révélait avoir été l'appât d'une vulgaire course à l’effectif et au ralliement en vue de décrocher la reconnaissance anglaise et le poids politique lié ? Que deviendrait la noble ambition affichée après qu’elle ait échoué dans ce dessein caché, qui se dévoile en même temps que son échec ? Pourrons-nous reprendre et renforcer le « leurre » universaliste esquissé pour mobiliser les FF ? C'est tout à fait possible, même sans les marraines européennes qui maintiendraient des exigences sectaires par crainte de la GLUA, ainsi que le proposent des FF de la GLdF. Mais Alain JUILLET, enfin libéré par l'échec de son ambition, va-t-il retrouver ses esprits ?

Et quid du GM élu qui va lui succéder?

Claude BEAU, associé à quelques ayatollahs, s'est laissé aller à promulguer une fatwa, une minable attaque ad hominem, pour dénigrer l'auteur (votre serviteur) d'une pétition pour la destitution du GM, sans expliquer l'objet ni fournir de justification à sa condamnation, et au mépris de toute obligation de réserve devant une initiative légitime prévue à nos statuts.

Cela ne serait pas très grave s’il n’y avait pas là l’indice du manque de perspicacité et de recul du GM élu. Un homme qui déjà, dès sa première interview en cette qualité avait manifesté son attachement aux règles de … la GLUA, dont sans doute il espérait encore, lui aussi, la reconnaissance. Un GM élu qui campait alors sur le rejet des « athées stupides et des libertins irreligieux », ignorant qu’Anderson en son temps stigmatisait en ces termes des loges libertines (il y en avait) et les loges éclairées (trop?) par les Lumières du Siècle qui remettaient l’Eglise en question. Ignorant que c'est pour contrôler la F.M. que l'Angleterre l'a rassemblée, et confinée depuis 3 siècles dans un obscurantisme religieux.

La fonction créera-t-elle l’organe ? Claude BEAU saura-t-il se hisser au niveau requis ? Est-il prêt à ramener la GLAMF dans les principes de liberté et de souveraineté sur lesquels elle s’est constituée, et telle qu’elle a été voulue par les FF qui s'y sont rassemblés ? Ou bien devrons-nous affronter les choix dépassés et les stratégies politiciennes de notre gouvernance ?

La nouvelle année nous apportera la réponse. Je nous la souhaite bonne et heureuse au sein d’une F.M. libérée de ses archaïsmes, et d’une GL qui permette à tous de s’élever, dans la liberté de s’interroger, de critiquer, de récuser.

Pierre Lanjuin