Tout va très bien, Madame la marquise ...

« Errare humanum est »

Alain Juillet, cofondateur de l’Alliance Maçonnique Française et de la Confédération Maçonnique de France nous a trompés sur le chemin à emprunter et sur ses motivations personnelles. Cela est maintenant trop évident pour qu’il échappe à une demande d’explication, qu’il noiera évidemment sous des lieux communs et des affirmations sans fondement, mais elle aura eu au moins le mérite d’être présentée et restera écrite, ainsi qu'il est d'usage en politique: "mentez bruyamment, puis excusez-vous discrètement".

Agissant seul ou via ses "commandos", il a échoué à obtenir une reconnaissance GLUA qu’il poursuivait comme un trophée qui lui aurait permis de récupérer les ruines de la GLNF. Un but qu’il n’a jamais clairement annoncé (évidemment), et une reconnaissance que les FF de la GLAMF ne lui demandaient pas, ayant seulement été consultés sur ce sujet parmi plusieurs autres sujets, qui ont été pris en compte ou non, à sa discrétion. Une consultation dont l'existence et le résultat sont parfois invoqués, mais ne sont plus accessibles.

Il a "planté" la Confédération Maçonnique de France, pour avoir tenté de l'instrumentaliser en tremplin vers la reconnaissance, s'enlisant dans des incompatibilités dont les exégètes se sont régalés. Il a par contre sauvé la GLNF de l’implosion en déclanchant la migration des protestataires vers la GLAMF. Ce qui a permis d’éviter un grand déballage public que pouvaient redouter les « services », très peu publics, dont il est issu.

Il s’est finalement pris les pieds dans le tapis des contradictions entre ses objectifs cachés et ses objectifs affichés, bien que n’ayant pas lésiné sur les moyens pour empêcher que l’évidence ne s’en impose à tous : nomination arbitraire du Président « élu » de la Chambre de Justice ; nomination de juges assesseurs siégeant sous de faux noms ; caution réitérée des intrusions de la Maison du REAA dans les affaires relevant de la GLAMF ; instrumentalisation du secret d’appartenance et des serments maçonniques ; il a ainsi dit et fait à peu près n’importe quoi, agissant en chaque occasion avec l'obstination pathétique d'un maladroit que rien ne dissuade.

« Perseverare diabolicum »

On croyait Alain Juillet (re)parti après avoir installé un clone comme successeur. C’est sans doute ce qu’il croyait aussi après que Claude Beau fut, avec les autres AAGGMM, monté au créneau de façon totalement incongrue pour le défendre contre une pétition en vue de sa destitution. Et il s’est encore planté. Le nouveau GM Claude Beau ne semble pas en effet l’entendre de cette oreille, se permettant même de recadrer la Maison du REAA, le bras armé du SCPLF et le vivier d’Alain Juillet, à laquelle celui-ci ne saurait rien refuser, ce qu’il n’a même pas tenté de faire.

Donc maintenant, « delenda est Claude Beau » ! Après les attaques contre ses choix thématiques par des (in)dignitaires qui prétendent lui dicter les leurs, nous attendons sans y croire vraiment un communiqué des AAGGMM indignés par les attaques dont le GM est la cible. Sauf qu’un tel communiqué a peu de chance de voir le jour parce que le GM Claude Beau ne travaille pas au REAA, contrairement aux éminences qui se manifestent ici pour critiquer ses choix, sur des blogs qu’ils estimaient publics et traitres aux serments quand d’autres qu’eux les utilisaient, mais qui n'avaient jamais stigmatisé les dispositions illégitimes d'Alain Juillet ni de la Maison du REAA, quand ils piétinaient leurs propres règles.

Claude BEAU n’a pas franchement brillé lors de ses premières sorties ès qualité de GM élu : une interview donnée à François Koch du blog La Lumière, dans laquelle il réaffirmait les poncifs les plus conservateurs, à l’évidence à l’intention de la GLUA ; puis ce communiqué commun avec les autres AAGGMM des différents rites de la GLAMF pour dénigrer l’initiateur d’une pétition parfaitement légitime demandant la destitution d’Alain Juillet, alors que rien dans nos textes ne l’autorisait à condamner cette initiative, ni même à prendre position ; et maintenant la consultation qu'il vient de lancer, laquelle présente sans doute un intérêt mais n'aurait pas dû être individuelle, parce que les loges libres et souveraines parlent d'une seule voix.

Mais pour avoir eu l'impudence, ou le courage, de renvoyer la Maison du REAA dans sa "surface de réparation", le voilà maintenant face aux sauriens qui peuplent le marigot d’Alain Juillet, et qui n'ont pas attendu longtemps pour lui rappeler le rapport des forces en présence, fragilisant sa position et préparant les esprits pour un putsch, ou une nouvelle migration. Va-t-il reculer ?

Nous ne savons pas ce qu'il va faire, mais une chose paraît sûre, la radicalisation des caciques de la Maison du REAA et la situation qu'elle crée peut être l'occasion de leur montrer que le rapport de forces qui leur sert de cerveau nous est plus indifférent qu'à eux et ne légitime pas leur arrogance, et enfin, que s'ils pouvaient partir en emmenant avec eux les loges qu'ils se vantent de contrôler (Guy C..., le manipulateur qui déteste s'exposer et ne monte pas au front), cela leur permettrait de vérifier l'efficacité de sa 5^_ème colonne d'experts adjoints qui noyautent les loges, et cela permettrait aux autres, à nous, de reprendre la marche vers la terre promise.

Alors les LL, elles font quoi maintenant ?

Ce moment de réalité dure, et de questionnements quant à la pertinence du chemin suivi, est certes un peu douloureux, mais il convient parfaitement à une reconsidération de mauvais choix, et il permettra de remettre en question les motivations suspectes de ceux qui les ont guidés. Les arguments qui nous ont séduits (souveraineté des LL, séparation des questions initiatiques et associatives, universalité) ont été trahis et la duplicité de ceux qui les brandissaient n'est plus à démontrer

La terre promise n’était donc pas la terre promise, ou pas encore. Cela n'est pas une catastrophe, il ne tient qu'à nous d'en faire une réalité, peut-être même la situation  actuelle est-elle une chance pour nous de réactualiser les promesses trahies par Alain Juillet et ses "commandos" (cf. plaquette de présentation de la GLAMF). La chance historique même de travailler à un nouveau RV avec une F.M. inspirée des Lumières, qui implique la souveraineté des LL, qui assume sa vocation universelle et sa place dans la cité, soucieuse d'une spiritualité intelligente et morale exempte de dérives religieuses idolâtres.

Les hommes de bonne volonté qui considéreront que le moment est venu de tourner le dos à 3 siècles de détournement obscurantiste de la F.M., pour enfin l’installer dans le siècle, et qui se reconnaîtront dans les propos ci-dessus et dans les propositions que nous adressions au futur GM le 13 avril 2014 (cf. ci-dessous) pourront les lui rappeler avec leurs propres commentaires.

NB : Conseil de lecture, pour faire la part des traditions souvent invoquées de la F.M. spéculative, de la réalité des évènements et des motifs, et de leur projection dans le XXI_^ème siècle, lire l'historique documenté « Régularité et Reconnaissance » (cf. http://www.gl-amf.org > Etats généraux > R & R). Ce document signé Jacques Den... va bien au-delà de son titre: 60 pp quand même, mais pas de longueur).

Antoine Collange

La F.M. spéculative œuvre au service d'un idéal de Fraternité par le perfectionnement moral de ses membres, par la libération de leurs aliénations, et l'exemple de leur comportement.

Ainsi est-elle pour l'homme un outil, et non une finalité, et doit-elle évoluer avec lui en intégrant des acquis qui ne viennent pas tous d'elle. Elle a tenté de le faire au XVIII^ème siècle lors de son rendez-vous manqué avec les Lumières, lorsqu'elle a choisi, derrière la GLLW puis la GLUA, de se réfugier dans les lumières du passé plutôt que d'en éclairer l'avenir.

L'Homme s'embarrasse ainsi parfois de fixations, mais néanmoins il progresse malgré elles naturellement et spontanément, et :

"Si l'humanité s'était cantonnée dans le traditionnalisme, peut-être en serions-nous encore "à la civilisation du Néanderthal !"

"Adoptons plutôt la définition donnée par Paul Valéry: "La véritable de tradition n'est point "de refaire ce que les autres ont fait, mais de retrouver l'esprit qui a fait ces choses et qui en "ferait de tout autres en d'autres temps"

(Patrick A., GL-AMF, Maison du REAA, Transmission n°3, extrait)

Je souscris à la sagesse du propos et à l'opportunité de cette citation qui peuvent inspirer la recomposition du "paysage maçonnique français". Encore nous faudra-t-il être conscients qu'il implique aussi une distinction qui n'a pas été faite entre tradition et archaïsme, et en particulier l'abandon, entériné par les sociétés avancées, de toute discrimination. Rien ne presse. Il suffit de savoir que c’est inéluctable, et d’accompagner le sens de l'Histoire, même avec une « infinie prudence » (Montesquieu), au lieu de le bloquer.

La GL-AMF, "l'Alliance", dans son premier élan, l'a bien compris et elle s'est libérée des ors, des décors et des titres surannés, constatant enfin leur contradiction avec la prudence que nous affichons à l'égard des métaux et avec l'humilité sans laquelle la démarche maçonnique n'a aucun sens.

Mieux encore, l'Alliance a participé activement à la naissance de la Confédération Maçonnique de France, et par celle-ci, au rassemblement d'obédiences qu'une F.M. «régulière, et reconnue ... par elle-même» s'autorise à exclure.

L'Alliance Maçonnique Française, par ses choix et par son action au sein de la Confédération Maçonnique de France, est au cœur du nouveau paradigme qui réveille la F.M. de son sommeil plusieurs fois séculaire pour qu'elle apparaisse enfin universelle, telle qu'elle prétend improprement l’être depuis trois siècles.

Puisse l'Alliance poursuivre et amplifier ses efforts pour faire partager l'esprit de compréhension et de tolérance qui a guidé ses premiers pas. Mais cela ne peut se limiter à un vœu pieux. Ces valeurs et principes impliquent des positions et des dispositions courageuses, notamment :

Au plan de l'organisation interne:

• Affirmer que les LL sont bien les cellules souches de la F.M. ; que si les GGLL constituent un lien nécessaire entre elles et une identité commune vis à vis des autorités civiles et des autres institutions maçonniques, elles restent l'émanation des LL et n'existent que comme délégataires de leur autorité ;
• Préciser et encadrer les relations de notre GL avec les juridictions ordinales qui, si elles ne sauraient en être dépendantes, ne peuvent non plus prétendre contrôler ni les LL ni l'Alliance ;
• Garantir la stricte séparation des activités civiles d’une part, et des rites d’autre part ;
• Libérer la Foi: être laïc ne relève pas nécessairement d'un scepticisme stérile. Un "cherchant" sincère peut trouver dans les confessions dogmatiques trop de contradictions entre les valeurs professées et les comportements observés pour y adhérer. Et la simple « aptitude à croire » de l’homme de bonne volonté libéré de la crédulité et des aliénations par sa capacité critique, constitue le fondement même de la Liberté, évidemment compatible avec l'engagement maçonnique, trop souvent et indument confessionnalisé.

Au plan des relations extérieures:

• Affirmer haut et fort l'appartenance de la GL de l'Alliance Maçonnique Française à la F.M. universelle;
• Ouvrir, ou pérenniser le dialogue avec l'ensemble des institutions maçonniques et, en toutes occasions, bannir tout ostracisme dogmatique, y compris envers ceux qui croient s'y reconnaitre ;
• Affirmer l'indépendance de la GL-AMF vis à vis de toute autre institution maçonnique, et ce, en quelque point que ce soit ;
• Œuvrer, par l'étude et le dépoussiérage des textes, à l'élaboration de choix entre Tradition et archaïsme ;

Entre autres ...