Le Myosotis Occitan

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Regard sur la Franc Maçonnerie


(anciens) devoirs, de vacances

Publié le 13 Juillet 2016, 08:26am

(anciens) devoirs, de vacances

Recherche des fondations

 

PRÉAMBULE

C'est au XVIIème siècle, au sein de loges maçonniques opératives, confrontées à la raréfaction des grands chantiers et inspirées par l’humanisme de la Renaissance, que naquit la folle idée de lancer une cathédrale à la dimension de l’humanité, un édifice vivant, dont les hommes seraient les pierres. Le projet ambitieux d’améliorer la société humaine par le perfectionnement individuel pris corps, donnant le jour à la F.M. spéculative, et ouvrant une nouvelle étape sur le chemin de la spiritualisation de la matière.

Le cheminement resta confidentiel pendant un siècle, jusqu’à ce que les Lumières du XVIIIème siècle viennent recouvrir cette graine de leur terreau. De nombreux lettrés, sensibilisés alors par l’esprit du temps et attirés par l’ambition mystique de la vision proposée, frappèrent aux portes des loges qui, curieuses de l’air du temps qui entrait avec eux, les acceptaient, comme elles l'avaient fait plus modérément mais depuis longtemps, en particulier depuis le retrait des moines cisterciens qui encadraient les grands chantiers religieux jusqu'au XIIème siècle. Le brassage des idées qui en résulta alors nourrit des spéculations audacieuses, sociales, politiques, métaphysiques. La notion de dignité humaine y prospère. Les structures traditionnelles, fondées sur un rapport de forces immuable de droit divin et l'asservissement des populations, y sont remises en question.

A tel point que les pouvoirs politiques et religieux entreprennent de contrôler ce mouvement.

Au prétexte de « rassembler ce qui est épars », des religieux et des aristocrates londoniens, réunissent en 1717, au sein d’une première « Grande Loge », quelques unes des loges de Londres, qui seront désormais soumises à une autorité et se verront imposer des règles communes avec des interdits (politique et religieux) et un dogme (principe divin). Organisée en structure hiérarchisée, forte d'un objectif de rassemblement, et adossée aux systèmes de pouvoir, cette "Grande Loge" impose sa conception de la F.M. aux loges dispersées qui, bon gré mal gré, seront conduites à la rejoindre, ou à se marginaliser.

 

OBJET

Depuis cette époque, et en dépit de cet énorme avatar néonatal qui confina son talent en la privant de sa liberté, la F.M. spéculative affiche toujours l’ambition de concourir à l’amélioration de l’humanité par l’initiation à la connaissance et le perfectionnement des individus. Elle propose un nouveau paradigme de la relation entre les hommes, appuyé sur la Liberté (de l'individu), la Tolérance (envers le prochain), la Fraternité (universelle).

Issue de la F.M. opérative médiévale, dont elle a intégré et symbolisé les enseignements, et aussi des disciplines ésotériques (Alchimie, Kabbale), que celle-ci avait un temps accueillies alors qu’elles étaient suspectes pour l’Eglise chrétienne, puis enrichie par les apports des clercs auxquels elle a ouvert ses loges, la F.M. spéculative a lancé à l’échelle de l’Humanité un édifice symbolique dont les hommes sont les pierres vivantes, une passerelle entre la contrainte de la matière et l’infini de l’esprit. 

Mais le chantier est malheureusement resté en panne entre les mains de ceux qui étaient appelés à lui donner son nouvel élan.

 

TRADITION

La tradition fait souffler sur le présent l’esprit et les enseignements de l’histoire.

L’esprit accompagne l’évolution sans être bloqué par des mots qui s’usent et qui perdent leur sens initial au sein d’un environnement qui évolue. On n’enferme pas l’esprit. C’est pourquoi les mots, qui le paralysent en le matérialisant, sont inaptes à le transmettre.

Soucieuse de conserver et transmettre le feu sacré des bâtisseurs de cathédrales, la F.M. spéculative s’est donc attachée à comprendre et transcender les traditions et les restituer dans des rites qui véhiculent leurs enseignements, leurs valeurs, et leurs vertus, pour les poursuivre dans un continuum logique. Le fil conducteur en est l’esprit, qu’il convient toujours de rechercher avant de transposer une idée ou une tradition.

Au-delà d’une radicalité textuelle, la compréhension et la transposition pertinente des textes anciens constitue la condition préalable à leur prise en compte si l’on tient à en éclairer le présent et l’avenir.

« Entretenir une tradition, ce n’est pas conserver des cendres mais souffler sur les braises ».

 

FOI - SPIRITUALITÉ

Le caractère divin d’un principe créateur est un postulat personnel, intime.

Chacun est libre de le cultiver, mais personne ne saurait l’imposer à une démarche collective au seul prétexte qu’une démarche collective n'existe que par des règles nécessairement contraignantes.

Libres de toute adhérence dogmatique, impérative, ou discriminante, les FFMM ont, en commun avec d’autres, l’ambition de relier la création et l’homme à leurs origines. Peut-être un principe divin, auquel cas il y a peu de chance que nous soyons en mesure de l'imaginer. Ainsi est-il puéril d'imaginer la volonté de ce principe, laquelle évidemment nous échappe, et de prétendre détenir ses révélations. A fortiori est-il idolâtre d’anthropomorphiser sa bonté ou son couroux, et de l’invoquer avec grandiloquence. Seules les hypothèses sont admissibles, et cohérentes avec l’humilité à laquelle invite l’initiation maçonnique.

La spiritualité est personnelle et intime. Et si, en ce début du XXIème siècle, elle reste encore associée aux croyances religieuses qui prolongent des traditions anciennes, le contexte a néanmoins changé et, aussi respectables soient-elles, les religions ne peuvent plus se l’approprier. Justice leur sera néanmoins rendue pour en avoir été les véhicules pendant 50 siècles.

La spiritualité maçonnique est la libre quête de ce dénominateur commun, en amont de toute connaissance. Une quête qui nous emmène toujours plus loin, attirés par un horizon qui nous invite à imaginer les mystères qu'il cache.

Mais personne ne saurait s’autoriser de l'ignorance générale pour imposer ses propres spéculations.

 

ORGANISATION – LL ET GGLL

Les LL sont les cellules-souches de la F.M. spéculative, le creuset où se forgent des individus libérés des aliénations personnelles et collectives.

Les LL sont souveraines et elles ne sauraient se voir imposer ou interdire des travaux ou des opinions, dont le choix leur appartient absolument.

Elles sont seules détentrices de l'autorité initiatique au sein de la F.M. universelle.

Elles accueillent et visitent les autres LL en toute indépendance, comme le font leurs membres, dans les seules limites qu’elles s’imposent à elles-mêmes, relatives à la qualité des visiteurs qu’elles décident seules d’accepter ou non, et des visites qu’elles souhaitent rendre là où elles sont les bienvenues.

Les LL peuvent se regrouper au sein de GGLL, sans abandon de souveraineté.

Les GGLL n’ont d’autorité que déléguée par les LL aux fins d’assurer leur représentation auprès des institutions civiles ou des autres institutions maçonniques, aussi pour la mutualisation de leurs moyens et la coordination de travaux qui dépassent l’échelle des LL : Recherche, Solidarité, Echanges.

 

REGLE

La F.M. spéculative est une démarche initiatique, intime et libre, dont le seul véhicule est la loge souveraine au sein de laquelle les FFMM cultivent la Fraternité, la Tolérance, et la Liberté pour eux-mêmes et pour autrui. Elle a adopté des rituels et des règles de comportement qui encadrent sa démarche et qui permettent à ceux qui les adoptent de « se reconnaître ». La règle qui réunit les obligations du FM, et des LL, s’inspire des textes anciens de la tradition opérative, et de l’esprit qui animait ses auteurs, pour guider le présent et éclairer l’avenir :

Au plan des hommes, le FM est un « homme libre et de bonnes mœurs ». C’est-à-dire un individu qui respecte la « loi morale ». Cette loi, qui intègre le respect des obligations civiles, consiste en outre pour les FFMM à « se conduire en hommes d’honneur et de probité, quelles que soient les dénominations et croyances qui puissent les distinguer ». La loi morale exalte les devoirs de l’homme libre, envers lui-même et envers son prochain.

Au plan des LL, celles-ci sont organisées de façon à accueillir et accompagner des hommes libres sur le chemin de la connaissance dans un environnement harmonieux et serein, où ils écoutent avec respect et s’expriment sans crainte, protégés par le secret des travaux.

Pour garantir la qualité des outils et des enseignements, et plus généralement de la transmission initiatique de la connaissance, une loge qui se créée doit être constituée par 3 loges au moins qui garantissent l’honneur, la probité, et les qualités et compétences de ses fondateurs, elles-mêmes constituées conformément à cette règle, depuis l’émergence de la F.M. spéculative du sein de la F.M. opérative.

Telles sont les règles de comportement à la lumière desquelles les situations que nous sommes amenés à rencontrer sont examinées, conscients qu’il ne revient à personne, ni homme ni institution, d’édicter une règle au nom de la F.M. universelle.

 

RECONNAISSANCE

Le FM aspire à la reconnaissance de son identité maçonnique par ceux auxquels il la reconnaît lui-même. Le nombre en est limité par sa capacité à connaître. Au-delà de cette limite humaine immédiate l'appartenance affichée par un FM "inconnu" lui confère un crédit confiance, mais elle n'exonère aucun FM de l'obligation générale de vigilance qui est, parmi d'autres vertus, le propre de tout homme libre.

« MES FF ME RECONNAISSENT POUR TEL » est la réplique qui prive de leur objet les disputes sur le sujet de la reconnaissance au niveau des individus. Une telle reconnaissance est précaire et peut être remise en question à chaque initiative, à chaque attitude ou fait de comportement, qui serait contraire à la loi morale. Elle n’a pas d’équivalent à l’échelle obédientielle, et aucune reconnaissance ne peut être considérée comme acquise par le seul jeu d’une affiliation politique ou d’un quelconque traité. 

 

AVENIR

Les LL souveraines sont les sanctuaires de la démarche maçonnique. Elles doivent en redevenir le centre.

Les GGLL sont un « cadre» utile pour la mutualisation des moyens des LL, pour leur représentation collective auprès des autorités civiles et des institutions maçonniques, et pour élargir l’échelle des échanges et de la solidarité.

L’autorité nécessaire à ces missions leur est déléguée par les LL.

Libérées des exigences identitaires et existentielles des états-majors des GGLL, les loges et leurs membres se reconnaîtront par la qualité de leurs travaux et par le respect de la "loi morale" qui régit leurs comportements et attitudes.

L’esprit des origines se manifestera alors à nouveau, pour les réorienter du passé vers l’avenir. Et les LL pourront reprendre le chantier de la cathédrale universelle interrompu depuis 3 siècles.

 

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