Le Myosotis Occitan

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Regard sur la Franc Maçonnerie


N'avez-vous pas oublié quelque chose à Poitiers ?

Publié le 29 Août 2016, 15:25pm

N'avez-vous pas oublié quelque chose à Poitiers ?

"Revenez ! Vous avez oublié quelque chose !"

C’est en ces termes que, non sans humour, le grand secrétaire signalait des objets trouvés à l’issue du congrès de Poitiers.

Mais nous avons laissé à Poitiers quelque chose de beaucoup plus important que les 2 trousseaux de clés qu'il nous invitait à réclamer. Nous avons laissé notre honneur dans l’acclamation d’un discours populiste qui flattait les bas instincts d'une majorité pour lui inventer un ennemi. Et quel ennemi ? Une partie d'elle-même contre laquelle son propre Président-GM veut la mobiliser. 

 

Extraits et commentaires de l’allocution du Président-GM Claude BEAU :

« Je veux leur dire à ceux-là, avec beaucoup de solennité et aussi de détermination : Votre entreprise est vouée à l’échec, ne perdez pas votre temps parmi nous ! ».

Quelle entreprise ? et où le VF Claude BEAU, Président-GM, croit-il donc être, pour sommer ainsi tous les membres de notre institution de renoncer à leurs convictions pour s’aligner sur l’avis majoritaire, ou de partir ? De tels propos, qui rejettent l'expression de différences à l’intérieur d'une même institution, nient le principe même de tolérance et interdisent toute réflexion et toute évolution, et en cela ils qualifient une dérive totalitaire.

…/…

« Les dirigeants qui sont devant vous ont reçu de votre part un mandat pour conduire la politique voulue par le plus grand nombre, c’est la règle, et lorsque l’on n’est pas en phase avec le Congrès il ne saurait être question d’imposer son point de vue, il faut avoir l’honnêteté et la loyauté de se soumettre, sinon de se démettre ».

Le VF Claude BEAU, Président-GM, confirme ici sa volonté d’imposer l’avis majoritaire à tous, au nom du mandat qu’il a reçu. Mais il ne semble pas avoir compris que ce mandat qu’il brandit implique d’abord la responsabilité qui est la sienne de maintenir ensemble le corps social qui lui a été confié, et pour ce faire d’écouter, et d’intégrer les sensibilités qui s’expriment au-delà de sa majorité. En effet, si une minorité doit, au nom d'une appartenance commune, accepter les décisions de la majorité, rien ne l’oblige en revanche à renoncer à ce à quoi elle croit. Et ce n'est pas pour autant qu'elle prétendrait l’imposer.

Le VF Claude BEAU, Président-GM, partisan après Alain Juillet d'une dictature de la majorité, ne supporte pas que s’expriment des différences, qu’il dénonce sans rire en volonté d’« imposer un point de vue » à l’ensemble des FF. Lui-même n'hésitant pas pourtant à changer sa position au gré des évènements et de l'évolution du rapport de forces et même à retourner une veste un peu grande pour lui. Ainsi, est-ce grâce au camouflet définitif de la GLUA, et en désespoir de cause, qu’il a enfin proposé une ouverture sur le monde maçonnique que son espoir encore d’être reconnu par la GLUA lui interdisait auparavant. Et cela ne l'empêche pas d'invoquer cette ouverture, populaire parmi les FF qui l’attendaient de longue date, pour solliciter lourdement à Poitiers une adhésion globale à sa personne et à ses initiatives comme si le mérite de cette ouverture lui revenait et lui donnait tous les droits.

…/…

« Je conclurai, mes Chers Frères, en reprenant mes propos d’introduction : le choix de l’avenir de notre Grande Loge appartient à tous les Frères de bonne volonté qui la composent, il ne saurait être la propriété de seulement quelques uns, fussent-ils convaincus d’être les détenteurs de la Vérité... »

Qui, à part lui, aurait voulu s'approprier la GL-AMF ? Il s’agit là de lieux communs populistes proférés pour créer une rupture sans dialogue avec des ennemis intérieurs que le Pdt-GM s’est inventés pour mobiliser l'opinion contre eux. 

Il peut ensuite s’honorer lourdement du vote favorable qu’il a obtenu à Poitiers, non sans avoir exclus du congrès les membres qui pouvaient lui porter la contradiction, ou simplement soulever les questions qu'il ne souhaitait pas entendre. C’est bien là le même VF et Président-GM qui, un an plus tôt à Lille, dénonçait : « l'arbitraire et le copinage » qui régnaient « avant (à la GLNF ?) », et « qui ne nous poussaient guère à la réflexion critique », le même qui étouffe aujourd’hui cette réflexion critique qu’il déplorait hier de voire empêchée par d’autres, et le même qui invite les FF « majoritaires » à chasser en meute ceux qui ne pensent pas comme eux. Ces méthodes relèvent plutôt de celles qui ont animé ces emportements populistes de foules bien encadrées, de triste mémoire dans l’histoire contemporaine.

Quel mépris il faut avoir pour notre institution et pour ses membres, pour piétiner lourdement leurs idéaux en persistant néanmoins à les invoquer avec cynisme, tout en naviguant aussi loin des promesses de renaissance qui donnèrent son élan vital à la GL-AMF !

C'est là ce que nous avons applaudi à Poitiers ! Reprenons-nous !

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