Mes TCF,
Je me fais le porte-parole des Frères qui ont décidé, ce soir, d'un commun accord, de démissionner de notre Loge.
Je tenais, sincèrement, à vous écrire ces quelques lignes suite à nos démissions de notre obédience car notre départ de la Loge est un vrai déchirement pour nous tous et je pense ne pas trahir leurs sentiments avec ce qui suit:
Je crois que la Maçonnerie est une utopie raisonnée, dans le sens où l’on croit en une humanité meilleure, en une réelle fraternité entre les hommes et à un amour partagé et sincère.
Nous sommes, nous Maçons, profondément idéalistes, un peu romantiques mais aussi sûrement naïfs, dans le bon sens du terme, c’est-à-dire ouverts à l’autre et à la diversité de sa culture ou de ses opinions.
C’est cette altérité, ou la reconnaissance de l’autre dans sa différence, qui est, j’en suis persuadé, la pierre d’angle de la Franc Maçonnerie, ceci dans le respect mutuel et dans la tolérance que nous disent nos rituels.
Pour moi, le fait que notre Ordre se fourvoie dans des malversations financières, se gonfle de l’égo de ses hauts dignitaires croulants sous les ors et les distinctions dérisoires et éphémères, et finalement se complaise dans les mensonges et la mauvaise foi, est devenu intolérable et incompatible avec ma démarche spirituelle.
Cette situation a fini par briser mon rêve d’un avenir radieux et fraternel.
Elle n’est pas dû au seul GM, qui n’est pas, comme le pensait notre Frère XX, un psychopathe, mais plutôt un pervers narcissique comme le sont tous les dictateurs, c’est-à-dire une personne qui est incapable de se remettre en question et qui pense que tous les problèmes viennent des autres, ce qui est plutôt gênant pour un Maçon, vous en conviendrez …
Par contre, son comportement hystérique et procédurier a mis en avant toutes les aberrations et les failles de notre Ordre qui dysfonctionne depuis plus de 10 ans.
Je pense même que l'ancien Grand Maître XX a été, et est toujours, beaucoup plus toxique que lui pour la GLNF, au point de vue financier notamment.
C’est donc sans colère, mais avec détermination, que je vais continuer à essayer, humblement, de m’améliorer pour être juste un peu meilleur, dans un environnement qui me paraît plus harmonieux et plus serein.
Peut-être que je me trompe et que mon chemin n’est pas le bon, l’avenir me le dira et j’en accepterai le verdict sans regret ni remord.
Mais, quand mes compagnons de route s’appellent Henry XX, Jean Paul XX, Nicolas XX, Jean Michel XX, Philippe XX, Jean Pierre XX, Bernard XX ou Joël XX, cela augure, assurément, d’un cheminement riche et surtout solidaire dans l’adversité.
J’aurais aimé, bien sûr, partir avec tous les Frères de Midi de Bigorre que j’aime et surtout avec vous mes parrains de cœur XX et XX, mais le dialogue n’a jamais pu vraiment s’établir et la Loge a ronronné pendant toute l’année dans une douce léthargie que je n’ai pas su contrarier.
Le VM, en voulant préserver les Frères et en croyant bien faire, les a, sans doute, un peu anesthésiés et a empêché une salutaire prise de conscience …
Mais, j’ai vraiment été surpris que beaucoup de Frères de notre Loge soient dans l’ignorance totale des problèmes de notre obédience ; on nous demande bien de laisser nos métaux à la porte du Temple mais l’on n’est pas obligé de déposer également notre libre arbitre et notre conscience d’homme libre !
D’autres FF, plus au courant des faits, font le choix d’une résistance interne et conseillent patience et tempérance, mais cela me semble bien illusoire et, in fine, voué à l’échec du fait de l'altération profonde de notre Ordre.
Certains nous reprochent, parfois, de quitter le navire en péril et nous assimilent à des déserteurs ou des pleutres, se réservant pour eux le courage et la constance face à l’adversité et le chaos, mais, s'ils changent d'avis, un jour, nous saurons leur pardonner de ne pas avoir su faire le bon choix...
A contrario, je pense qu’il faut beaucoup plus de détermination et de courage justement, pour partir vers des rivages incertains et quitter le confort douillet et matériel de notre beau Temple et le cocon de notre Loge.
Pour employer une autre métaphore, si l’on assimile la GLNF à un malade, il me semble que nous ne sommes plus dans le traitement curatif mais bien dans les soins palliatifs terminaux, comme si un mauvais cancer, parti du cerveau, avait rongé l’organisme, insidieusement, depuis des années et que les différents traitements soient cautère sur jambe de bois …
Mes FF, quels que soient nos choix, il faut respecter ceux qui ne sont pas les nôtres car la Maçonnerie nous aura appris, au moins je l'espère, la tolérance …
Souhaitons nous, mutuellement, force et courage dans nos parcours respectifs et prions le G.A. de l’U. pour que nos chemins se rejoignent un jour prochain.
« Rien ne se fait de grand qui ne soit une espérance exagérée » Jules Vernes
Je vous embrasse mes FF.
Jean Louis XXX