Le Myosotis Occitan

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Regard sur la Franc Maçonnerie


La CMF et la GLUA sont-elles compatibles ?

Publié le 30 Juin 2014, 09:42am

La GLUA n'est pas la mère de la F.M. spéculative, et celle-ci n’est pas apparue au XVIIème siècle en Angleterre. La F.M. spéculative a vu le jour dès le XIIème siècle, en "Europe", quand les Cisterciens, premier des ordres religieux réguliers, qui encadraient les projets monumentaux des princes et de l’Eglise, décidèrent de se retirer des activités opératives (1157) pour se consacrer à la méditation et la prédication. Privées de leurs Maîtres d’œuvre, les fraternités de métiers n’eurent alors d’autre choix pour les remplacer que de s’ouvrir à des lettrés, des « clercs » capables d’organiser le travail des différents corps de métiers et de crédibiliser les fraternités de compagnons auprès des "donneurs d'ordres" des grands édifices (princes, princes-évêques). Ces clercs qui maîtrisaient les arts libéraux, ces sciences sans lesquelles il n’est pas de liberté, furent invités dans les loges malgré leur ignorance des secrets des métiers opératifs, auxquels ils furent initiés. Ils furent dits «acceptés», et ils sont à l'origine de la symbolisation du travail de la pierre et de ses applications à une construction humaine.

Longtemps après, lorsque aux XVIIème et XVIIIème siècle les pouvoirs politique et religieux vacillaient, remis en question par les Lumières puis par les répercussions de la révolution française, la F.M. dont les LL s’intéressaient d’autant plus à la vie de la cité que les grands chantiers se faisaient rares, constituait un foyer potentiel de contestation de l’ordre établi.

C’est pour pallier le risque qu'elles représentaient que la Grande Loge de Londres et Westminster (GLLW, 1717), puis la Grande Loge Unie d'Angleterre (GLUA, 1813) ont rassemblé les LL éparses,  ce qui a permis de les contrôler et de les maintenir dans l’ombre des pouvoirs. En témoignent les interdits politiques et religieux qui apparaissent alors parmi les conditions d’une «régularité» et d’une «reconnaissance». Ces interdits n’ont pas de source dans la tradition dont ils se réclament. Et la Grande Maîtrise offerte à la famille royale d’Angleterre dont le monarque est par ailleurs chef de l’Eglise anglicane, mettent ce dessein bien en évidence.

Ainsi la GLUA est-elle une récupération de la F.M. spéculative pour compte des pouvoirs politiques et de l’Eglise, auxquels elle l’a livrée.

Réduisant la Foi aux solutions « clés en mains » que proposent les confessions religieuses, elle l’a enfermée dans un mysticisme hermétique par crainte de son influence dans le champ politique et sociétal. Et cela a marché parce qu’à cette époque la notion de droit divin du pouvoir est encore très forte, même parmi les figures des Lumières.

 

Nous devons maintenant comprendre que s’extraire du péplum permanent entretenu par la GLNF qui y cachait ses dérives, impliquait aussi de se libérer de la GLUA qui s’y reconnaissait et la reconnaissait. Ce n’est pas à cause des exactions et des turpitudes de ses dirigeants, dont la plupart sont d’ailleurs encore à la GLNF, que celle-ci a perdu un moment la reconnaissance de la GLUA, mais parce que les protestations de FF enfin sortis de leur torpeur avaient débordé sur la place publique. Cette F.M.-là tolère les crimes, mais craint les scandales.

Le moment est venu pour les FFMM de terminer cette mue, d’en finir avec la F.M. archaïque et infantilisante, d’ouvrir, ou de pérenniser, le dialogue avec l’ensemble des institutions maçonniques sur une base universelle de laquelle tout ostracisme sera banni. C'est le rôle historique de la CMF de faire entrer les FFMM dans l'âge adulte, et si l'occasion n'en est pas saisie, sans doute ne se représentera-t-elle pas de sitôt. Le rendez-vous manqué avec les Lumières nous a déjà fait perdre 3 siècles.

La Confédération Maçonnique de France et la GLUA sont incompatibles. La CMF doit marquer la renaissance maçonnique qui remisera au grenier de l’Histoire la F.M. domestiquée, d’ailleurs en voie de désaffection dans les pays mêmes où elle a vu le jour. Et l'on verra enfin des FF, libres de leurs choix et conscients de leurs responsabilités, restituer à la F.M. son caractère universel.

Une telle ouverture ne sera évidemment pas du goût de la F.M. obédientielle dont les états-majors sont trop soucieux de leur identité propre et de leur effectif. Mais les GGLL non alignées qui savent que les LL sont les cellules-souches de la F.M. et qu'elles leur doivent leur autorité, la comprendront.

La F.M. universelle qui postule et enseigne la Liberté et la responsabilité, ne saurait les interdire (extrait et inspiré du communiqué et de l’interview de GM Marc Henry (GLdF), des 7 et 9 mai 2014).

Ainsi les LL peuvent-elles, si elles le souhaitent et selon qu’elles seront masculines, féminines ou mixtes, recevoir tous les FF et SS nés libres, qui respecteront les choix de l’atelier qui les accueille (par exemple mixité ou non) et qui s’y conformeront. Les FFMM sont ainsi libres d’aller participer aux tenues de toutes les obédiences, dès lors qu'ils manifestent de l'intérêt pour les travaux, questionnements, et échanges qui s'y déroulent, et qu'ayant fait état de leur qualité, ils y seront acceptés par une L souveraine.

Point n'est donc besoin d'une idéologie obédientielle dogmatique pour autoriser ou interdire, dès lors que les FFMM se comportent en adultes et sont traités comme tels.

Antoine Collange

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