Le Myosotis Occitan

Le Myosotis Occitan

Regard sur la Franc Maçonnerie


Régularité, Reconnaissance, Clarification

Publié par Bruno sur 28 Septembre 2012, 15:08pm

Les échanges relatifs à la Reconnaissance et à la Régularité, lors des réunions et au long des commentaires reçus, montrent que souvent la confusion règne entre ces 2 états propres aux LL et GGLL maçonniques

Plusieurs auteurs récents se sont exprimés sur le sujet. Nous les avons visités et vous proposons leurs références et quelques extraits qui nous ont paru éclairants :

La REGULARITE

Les textes anciens ne sont pas toujours directement transposables à la franc-maçonnerie moderne, dite "spéculative" sans une interprétation métaphoriqueLes textes relatifs à la Régularité n’y échappent pas. Différents selon les époques et les régions, ces textes furent "refondus" à l'époque d'Anderson dans une synthèse qui fut contestée dès son origine, alimentant le conflit des "Antients" et des "Moderns".

Au fil du temps néanmoins, la plupart des obédiences se sont plus ou moins accordées sur un ensemble de règles, formulées de manière suffisamment souple, et parfois dénommées « critères de régularité », pour aboutir à la notion de « régularité maçonnique ». Ces critères, ou basic principles, ont été validés par la GLUA, une première fois en 1929. Une nouvelle rédaction prenant en considération l’évolution de la pensée moderne a vu le jour en 1989, suivie d’une « Clarification » en 2007.

Pour être REGULIERE, une GL se doit donc de respecter ces critères qui définissent la conformité maçonnique de son travail et de son organisation, MAIS, si cette REGULARITE est indispensable pour prétendre à la RECONNAISSANCE. Elle n’y donne pas droit pour autant. Une GL peut donc être régulière, sans être reconnue.

"Basic principles" - Rédaction 1929  

Cette rédaction réunit les 8 principes de base de la régularité (Basic Principles for Grand Lodge Recognition) adoptés par la GLUd’A le 4 septembre 1929:

1.   La régularité d'origine : chaque GL doit avoir été dûment et régulièrement constituée par une GL reconnue ou par au moins trois Loges régulières.

 2.   La croyance dans un Etre Suprême doit être une caractéristique essentielle pour ses membres.

3.   Tous les Initiés doivent prendre leurs obligations sur le Volume de la Loi Sacrée ouvert et bien en vue.

4.   Tous les membres de la Grande Loge et de ses Loges doivent être composés exclusivement d'hommes et aucune Grande Loge ne doit entretenir des relations maçonniques avec des Loges mixtes ou des organisations acceptant des femmes.

5.   La Grande Loge doit être souveraine sur toutes les Loges de sa juridiction. Elle doit être une organisation responsable, indépendante et autonome et la seule à exercer une autorité incontestée sur les Degrés Symboliques (Apprenti, Compagnon et Maître) dans sa juridiction. Elle ne peut être subordonnée ou partager son autorité avec un Suprême Conseil ou tout autre Puissance revendiquant quelque autorité ou contrôle sur ces degrés.

6.   Les trois Grandes Lumières de la Franc-Maçonnerie (à savoir le Volume de la Loi Sacrée, l'Equerre et le Compas) doivent toujours être exposées lors des Travaux de la Grande Loge ou de ses Loges, la principale étant le Volume de la Loi Sacrée.

7.   Toute discussion touchant à la religion ou à la politique est strictement interdite en Loge.

8.   Les principes des Anciens Landmarks, coutumes et usages de la Maçonnerie doivent être strictement respectés.


Basic principles - Rédaction 1989

1.   Toute GL doit avoir été légalement constituée par une Grande Loge régulière ou par trois Loges particulières ou plus, si chacune d'entre elles a été légitimée par une Grande Loge régulière.

2.   Elle doit être véritablement indépendante et autonome, et avoir une autorité incontestée sur la Franc-maçonnerie du Métier - ou de base - (c'est-à-dire les degrés symboliques d'Apprenti, de Compagnon et de Maître) au sein de sa juridiction, et ne pas être sous la dépendance, ni partager son pouvoir en aucune manière avec aucun autre organisme Maçonnique.

3.   Les Francs-Maçons placés sous sa juridiction doivent croire en un Être Suprême.

4.   Tous les Francs-Maçons placés sous sa juridiction doivent prendre leurs Obligations sur ou en pleine vue du Volume de la Loi Sacrée (qui est la Bible) ou sur le livre qui est considéré comme sacré par l'homme concerné.

5.   Les trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie (qui sont le Volume de la Loi Sacrée, l'Equerre et le Compas) doivent être exposés quand la Grande Loge ou ses Loges Subordonnées sont ouvertes.

6.   Les discussions politiques et religieuses doivent être interdites dans ses Loges.

7.   Elle doit adhérer aux principes établis (les "Anciens Landmarks") et aux coutumes du Métier, et insister pour qu'ils soient observés au sein de ses Loges.

Indépendamment de la formulation modifiée d’une version à la suivante, il n’aura pas échappé que 7 critères répondent en 1989 aux 8 critères de 1929. 

La disparition du critère n°4 constitue une évolution considérable qu’il serait bon dans les circonstances actuelles de garder à l’esprit : « Tous les membres de la Grande Loge et de ses Loges doivent être composés exclusivement d'hommes et aucune Grande Loge ne doit entretenir des relations maçonniques avec des Loges mixtes ou des organisations acceptant des femmes. »

 

Les Landmarks

Les basic principles  ne manquent pas par contre de rappeler au respect des landmarks dont l’origine est à rechercher beaucoup plus loin dans l’histoire.

Traditionnellement, les landmarks étaient, pour les maçons opératifs, des marques au sol délimitant la surface de l’édifice à construire et permettant ainsi d’en définir l’étendue et la forme.

La première mention maçonnique de ce mot apparaît dans les Constitutions d’Anderson de 1723 à la page 70 qui termine les « Règlements Généraux », préalablement recueillis par George Payne en 1720 et insérés par le célèbre pasteur dans son ouvrage paru trois ans plus tard.

Les Landmarks ont leur origine dans les Anciens Devoirs, ou " Old Charges ", décrites dans plusieurs manuscrits, tels le Régius (1390), le Cooke (1400) ), qui édictent les différents devoirs d'un Maçon de métier. Les Landmarks qui sont d'origines géographiques diverses, forment le socle de la pratique Maçonnique. Ils diffèrent parfois quelque peu d'un continent à l'autre, mais restent facilement identifiables grâce à la nature trinitaire incontournable qui les compose par essence :

  • Immémoriale, 
  • Immuable
  • Inabrogeable.

De plus, les Landmarks ont toujours conservé les invariants suivants:

  • La croyance en Dieu 
  • Le comportement moral, fraternel et bienfaisant.
  • Le respect des lois de la cité
  • L'obéissance aux lois et règlements du Métier
  • Le serment et le secret sur nos Travaux
  • Les modes de reconnaissance
  • L'égalité de tous les Maçons.

Ces landmarks sont codifiés de différentes manières dans le monde maçonnique : en France on les retrouve pour partie dans la règle en 12 points (cf). Pour la maçonnerie anglo-saxonne, c’est la liste du Dr MACKEY en 25 points qui sert plutôt de référence :

  1. LES MODES DE RECONNAISSANCE SONT, DE TOUS LES LANDMARKS, LES PLUS LEGITIMES ET NON DISCUTABLES.
  2. LA DIVISION DE LA MACONNERIE SYMBOLIQUE EN TROIS DEGRES.
  3. LA LEGENDE DU 3ème DEGRE.
  4. LE GOUVERNEMENT DE LA FRATERNITE PAR UN OFFICER QUI PRESIDE, APPELE GRAND MAITRE, LEQUEL EST ELU PAR L'ENSEMBLE DES FRERES
  5. LA PREROGATIVE DU GRAND MAITRE DE PRESIDER TOUTE ASSEMBLEE DE MACON QUEL QUE SOIT LE LIEU OU LE MOMENT A LAQUELLE ELLE SE TIENT
  6. LA PREROGATIVE DU GRAND MAITRE D'ACCORDER DES DISPENSES POUR CONFERER DES DEGRES EN DEHORS DES MOMENTS PREVUS.
  7. LA PREROGATIVE POUR LE GRAND MAITRE DE DONNER DES DISPENSES POUR OUVRIR ET TENIR DES LOGES.
  8. LA PREROGATIVE POUR LE GRAND MAITRE DE CREER UN MACON "A VUE"
  9. LA NECESSITE POUR LES MACONS DE S'ASSEMBLER EN LOGES.
  10. LE GOUVERNEMENT DES FRERES, LORSQU'ILS SONT RASSEMBLES EN LOGE, PAR UN MAITRE ET DEUX SURVEILLANTS.
  11. LA NECESSITE QUE CHAQUE LOGE A, LORSQU'ELLE S'ASSEMBLE, DE SE METTRE A COUVERT.
  12. LE DROIT POUR CHAQUE MACON D'ETRE REPRESENTE DANS TOUTES LES ASSEMBLEES DE L'ORDRE ET DE DONNER DES DIRECTIVES A SES REPRESENTANTS
  13. LE DROIT POUR CHAQUE MACON DE FAIRE APPEL DE LA DECISION DE SES FRERES EN LOGE AUPRES DE LA GRANDE LOGE OU D'UNE ASSEMBLEE GENERALE DE MACONS.
  14. LE DROIT POUR CHAQUE MACON DE VISITER ET DE S'ASSEOIR DANS TOUTE LOGE REGULIERE
  15. AUCUN VISITEUR NON CONNU DES FRERES PRESENTS, OU DE QUELQUES-UNS UNS D'ENTRE EUX, COMME MACON NE PEUT ENTRER SANS ETRE TUILE SELON LES ANCIENS USAGES.
  16. AUCUNE LOGE NE PEUT INTERFERER DANS LES AFFAIRES D'UNE AUTRE LOGE, NI CONFERER DES DEGRES A DES FRERES MEMBRES D'UNE AUTRE LOGE.
  17. CHAQUE FRERE EST SOUMIS AU REGLES ET LOIS DE LA JURIDICTION MACONNIQUE DANS LAQUELLE IL RESIDE.
  18. CERTAINS CRITERES DE QUALIFICATION POUR L'INITATION DE CANDIDATS PROVIENNENT DE LANDMARK DE L'ORDRE TELS QUE : LE CANDIDAT DOIT ETRE UN HOMME, SANS INFIRMITE, NE LIBRE, ET AVOIR UN AGE MATURE
  19. LA CROYANCE EN L'EXISTENCE DE DIEU COMME GRAND ARCHITECTE DE L'UNIVERS.
  20. EN COROLLAIRE A LA CROYANCE EN DIEU, EST LA CROYANCE EN LA RESURRECTION A UNE FUTURE VIE.
  21. UN "LIVRE DE LA LOI" CONSTITUERA UNE PARTIE INDISPENSABLE DES DECORS DE LA LOGE
  22. L'EGALITE DE TOUT MACON.
  23. LE SECRET DE L'INSTITUTION.
  24. LA FONDATION D'UNE SCIENCE SPECULATIVE BASEE SUR UN ART OPERATIF, ET L'USAGE SYMBOLIQUE ET L'EXPLICATION DES TERMES DE CET ART A DES FINS RELIGIEUSES OU D'ENSEIGNEMENT MORAL.
  25. LE DERNIER LANDMARK QUI COURONNE LES PRECEDENTS EST QUE CES LANDMARKS NE PEUVENT EN AUCUN CAS ETRE CHANGES.

Une fois ceci intégré, chacun devrait être en mesure de savoir s’il appartient ou non à une GL régulière.

Cela n’est pas aussi clair pour ce qui concerne la Reconnaissance, laquelle ne dispose pas de « réréférentiel », comme il en est pour la Régularité, aussi contestés aient été les basic principles.

La RECONNAISSANCE

La Reconnaissance relève du choix souverain de GGLL qui se cooptent. Cette décision s’appuie sur la Régularité, mais pas seulement : d’autres éléments, historiques, culturels, voir politiques, participent de cette décision finalement subjective.

En bref, si la Régularité ne se décrète pas, elle se constate puisqu’elle résulte du respect d’un certain nombre de règles, a contrario la Reconnaissance relève d’une décision souveraine de 2 entités qui sanctionnent ainsi leur communauté de valeurs :

La reconnaissance est un acte bilatéral entre deux entités souveraines qui doivent prendre leurs propres décisions à partir d'appréciations dont elles n’ont pas à répondre. Toutefois, la régularité reste la condition requise quels que soient les autres critères qui fondent la décision des GGLL qui se reconnaissent.

Si une GL octroie la reconnaissance à une autre GL, elle considère que celle-ci remplit les principes de base, qu'elle pratique une Franc-Maçonnerie régulière, que ses membres pourront sans difficulté visiter ses Loges et que de son côté, elle pourra accueillir les membres de cette GL dans ses Loges. La reconnaissance n'est pas un droit mais un privilège. La régularité ne confère pas automatiquement la reconnaissance, d'autres facteurs entrent en ligne de compte:

Par exemple, Si une GL reconnaît déjà une Grande Loge d’un autre pays, normalement elle ne va pas reconnaître une autre Grande Loge sur le même territoire à moins que ces GGLL y consentent et se reconnaissent entre elles (par ex : Allemagne, Brésil, Australie, Colombie, etc.) ; Si deux GL, travaillant régulièrement (mais ne sont pas encore reconnues), occupent un territoire mais ne se reconnaissent pas entre elles, il convient de les inviter à aplanir leurs différends afin de permettre de les reconnaître toutes deux.

 

Cette merveilleuse complexité ouvre la porte, vous l’avez compris, à de nombreuses interprétations, à tel point que la GLUA, par la voix de son Pro-GM, estime à nouveau nécessaire en 2007 d’apporter des éclaircissements sur les notions de Régularité et de Reconnaissance. Il reconnaît ( !) que chacun fait comme il l’entend au nom de la souveraineté des entités maçonniques, et que la GLUA est comme les autres, libre et souveraine et pas plus, que donc ses décisions n’engagent qu’elle, faisant semblant d’ignorer que toute la F…M… internationale est suspendue à ses décisions.

Derrière cette fuite de responsabilité qui ne trompe personne, la GLUA va néanmoins montrer un peu de courage en admettant que : « les sujets de reconnaissance entre obédiences traditionnelles étaient souvent d'ordre politique et non pas qualitatifs». Ce n’est pas rien ! 

Régularité & Reconnaissance - Clarification de 2007

En 2007, le Pro-Grand Maître de la GLUA a clarifié la position britannique sur les sujets de reconnaissance.

Dans son allocution devant les représentants d'obédiences européennes reconnues par la Grande Loge Unie d'Angleterre et d'obédiences non reconnues, mais respectant la tradition et les règles de la franc-maçonnerie, il a précisé que:

Plusieurs obédiences peuvent être considérées comme régulières dans chaque pays ou région. Il n'appartient pas à la GLUA d'en juger au préalable, mais à l'obédience reconnue et à ces dernières de s'entendre.

La reconnaissance par une obédience reconnue d'une autre obédience n'implique absolument pas la reconnaissance de la GLUA...

... Par conséquent une obédience reconnue par la GLUA peut parfaitement reconnaître des obédiences non reconnues par la GLUA.

Par cette clarification, le Pro GM  a ainsi mis dos à dos les obédiences qui rejetaient sur la GLUA les sujets liés à la "Régularité" et a souligné que les sujets de reconnaissance entre obédiences traditionnelles étaient souvent d'ordre politique et non pas qualitatifs.

 

Le rappel de ces éléments nous a semblé utile pour contribuer à la réflexion en cours sur la recomposition du paysage maçonnique. Vous aurez constaté qu’ils sont aussi riches d’obligations et d’interdits que d’interprétations pour ne pas les dramatiser.

Bruno Martin 

 

Bibliographie :

http://www.fideliteprudence.ch/regularite_reconnaissance.htm

http://misraim3.free.fr/franc-maconnerie/Lesbasicprinciples.pdf

http://www.franckbailly.fr/deh/www/Documents/planches/1/landmark/landmarks.htm

http://tsmr.org/1989-ugle-basic-principles.html

http://hautsgrades.over-blog.com/article-317714.html

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
J'ai eu à cœur de lire la totalité des très riches et intéressants apports qu'a suscités ce texte que je crus opportun de commenter, ouvrant le feu sans le savoir .<br /> <br /> Pour les FF qui ne me connaissent pas, je signale qu'une des raisons majeures qui m'a fait démissionner en 2005 de la "feue GLNF" est un article du député GM affirmant que l'initiation des<br /> handicapés était une parodie d'initiation.<br /> <br /> Cette ignorance crasse du "combat de Jacob AVEC l'Ange" me laissa pantois et motiva de ma part une lettre vengeresse ... à laquelle il ne fut point répondu par l'intéressé, mais oralement par<br /> certain GMP qui m'affirma que "François" connaissait le problème et que je pouvais lui téléphoner pour m'expliquer (mon initiation en 1986 ayant été une parodie, je réclamais logiquement le<br /> remboursement de la part de mes capitations, sur 18 ans, versée à "l'entité qui m'excluait")<br /> <br /> La balle étant dans le camp "adverse" , étant le blessé dans l'affaire, j'attendis ... et attends encore ! Mais il y eut d'autres raisons à mon départ, trop longues à détailler !<br /> <br /> Je suis un peu "choqué" de voir que personne ne parle d'un dépoussiérage explicite de ces règles obsolètes ou caduques ne se contentant pas de l'implicite et d'un respect passif et tacite (de peur<br /> de soulever des lièvres) des lois de la République Française (me moquant très ouvertement de ce que peuvent penser en mal les fils de la perfide Albion de ces lois "de la canaille révolutionnaire")
Répondre
P
Les Constitutions d'Anderson et la GLUA n'ont jamais véritablement recensé de manière exhaustive les anciens Landmarks, conformément à l'esprit anglais sans doute, pour ne pas définir de manière<br /> trop codifiée ni définitive les racines de la franc-maçonnerie, et laisser aux usages le soin de pérenniser les uns ou les autres.<br /> C'est aux États-Unis en 1856, que le Docteur Albert MACKEY entreprit de recenser les Anciens Principes Fondamentaux ou Landmarks pour la première fois. Il posa le principe de trois caractéristiques<br /> essentielles pour qu'une règle soit reconnue comme Landmark:<br /> <br /> 1. Être une notion reconnue comme d'ancienneté immémoriale<br /> 2. Être universel<br /> 3. Être absolument irrévocable<br /> <br /> Sur ces bases, il recensa 25 règles qui figurent d'ailleurs en tête des Constitutions de la Grande Loge du Québec et de la plupart des Grandes Loges d'Amérique du Nord, lesquelles sont les<br /> suivantes :<br /> <br /> 1. Une croyance en l'existence de Dieu en tant que Grand Architecte de l'Univers.<br /> 2. La croyance en une résurrection à une vie future<br /> 3. Que le "Livre de la Loi" fait indispensablement partie des accessoires de chaque loge.<br /> 4. La fondation d'une science spéculative est un art opératif.<br /> 5. Le caractère secret de l'institution.<br /> 6. Les signes de reconnaissance.<br /> 7. La division de la maçonnerie symbolique en trois degrés.<br /> 8. Le sens et la portée des trois grades respectifs.<br /> 9. Le gouvernement de la confrérie par un Grand Maître.<br /> 10.La nécessité pour les maçons de se réunir en loge.<br /> 11.Le gouvernement du Métier, lorsqu'ainsi réuni en loge, par un vénérable et deux surveillants.<br /> 12.La nécessité pour chaque loge, lorsque réunie, d'être dûment tuilée.<br /> 13.Qu'aucune loge ne peut intervenir dans les affaires d'une autre loge.<br /> 14.La prérogative du Grand Maître de présider toute assemblée du Métier.<br /> 15.La prérogative du Grand Maître d'accorder des dispenses pour l'ouverture et la tenue de loges.<br /> 16.La prérogative du Grand Maître de faire des maçons à vue, d'accorder des dispenses pour que soient conférés des grades en des moments autres que ceux prévus à cet effet, et d'accorder des<br /> dispenses pour soustraire des candidats à la juridiction de loges.<br /> 17.Les qualités requises des candidats à l'initiation.<br /> 18.Le droit de tout maçon d'être représenté lors de toute assemblée générale de l'Ordre et de donner instructions à ses représentants.<br /> 19.Le droit de tout maçon d'en appeler auprès de la Grande Loge ou de l'assemblée générale des maçons de la décision de ses frères ou d'aucun d'entre eux.<br /> 20.Le droit de tout maçon de visiter.<br /> 21.Qu'aucun visiteur inconnu aux frères présents ou à certains d'entre eux ne peut pénétrer dans la loge sans qu'au préalable il n'ait subi avec succès un examen selon l'ancien usage.<br /> 22.Que tout maçon est soumis aux lois et règlements de la juridiction maçonnique dans laquelle il réside.<br /> 23.L'égalité de tous les maçons dans une loge.<br /> 24.Le droit de tout maçon en règle de bénéficier de la charité générale en cas de besoin, de maladie ou de détresse.<br /> 25.Que les principes fondamentaux sont immuables.<br /> <br /> LES CONSTITUTIONS DE LA GLUA :<br /> <br /> Outre les Constitutions d'Anderson de 1723 révisées en 1738, amendées en décembre 1813 lors de la réunification des "Antients" et des "Moderns" et que l'on supposera bien connues, la GLUA a défini<br /> le 4 septembre 1929 les critères de la régularité maçonnique.<br /> Ils sont au nombre de 8 (huit) :<br /> <br /> 1. Régularité d'origine (*)<br /> 2. Foi au GADLU et en Sa volonté révélée<br /> 3. Obligation prêtée sur le Livre de la Sainte Loi<br /> 4. Loges exclusivement composées d'hommes<br /> 5. Chaque G.L. exerce une juridiction souveraine sur les degrés symboliques, non subordonnée à un Suprême Conseil ou à une autre puissance maçonnique<br /> 6. Les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie seront toujours exposées pendant les Travaux de la Grande Loge et des Loges<br /> 7. Les discussions d'ordre politique ou religieux sont strictement interdites en Loge<br /> 8. Les principes des "Antient Landmarks", Coutumes et usages du Métier seront strictement observés.<br /> <br /> (*) à savoir que chaque Grande Loge aura été régulièrement fondée par une Grande Loge dûment reconnue, ou par trois loges ou davantage régulièrement constituées.<br /> <br /> Comme on peut le constater, il s'agit du Plus Grand Commun Dénominateur susceptible de s'adapter à toutes les sensibilités et cultures des maçons du monde entier. On notera au passage que ces<br /> critères de "régularité" sont essentiels mais pas toujours suffisants pour obtenir la "reconnaissance".<br /> <br /> LA CONFÉRENCE DES GRANDS MAITRES D'AMÉRIQUE DU NORD ET DU CANADA :<br /> Fondée en 1951, la "Commission on information for recognition" évalue la régularité des obédiences du monde entier selon 3 critères seulement :<br /> <br /> 1. Légitimité des origines.<br /> 2. Exclusivité de la juridiction territoriale, ou sinon par consensus ou entente mutuelle.<br /> 3. Adhésion aux anciens devoirs, surtout en ce qui concerne la croyance en Dieu, la présence du Volume de la Loi sacrée en loge et l'interdiction formelle de toute discussion religieuse ou<br /> politique en loge.<br /> <br /> On voit donc que ces critères qui permettent aux Grandes Loges d'outre atlantique d'évaluer la régularité d'une autre Grande Loge étrangère sont sensiblement plus réduits que ceux de la GLUA, mais<br /> surtout différents quant à la notion de souveraineté ici qualifiée de "territoriale sauf par consensus ou entente mutuelle", alors que la GLUA évoque plus explicitement une souveraineté spirituelle<br /> "sur les ateliers symboliques" sans subordination à un Suprême Conseil. Notons encore que la Conférence des Grands Maîtres d'Amérique et du Canada est muette sur la mixité tant de race que de sexe…<br /> et pour cause !<br /> <br /> <br /> ESSAI DE SYNTHESE SUR LA RÉGULARITÉ<br /> <br /> De l'abondante documentation que nous avons pu consulter, il ressort que la REGULARITÉ, si elle recouvre des aspects communs à toutes les Grandes Loges dites régulières au sens de la maçonnerie<br /> anglo-saxonne des origines, n'est pas pour autant rigide et invariable dans ses principes.<br /> Mieux, le génie de la langue et de l'esprit anglo-saxon en disent souvent moins qu'ils n'en laissent entendre par l'interprétation ou l'omission, ce que notre esprit français latin et cartésien ne<br /> peut saisir dans toute sa subtilité…<br /> D'une règle en 3 points pour la Conférence des Grands Maîtres d'Amérique du Nord, à 8 points pour la Grande Loge Unie d'Angleterre, à 12 points pour la GLNF ou à 25 points recensés par MACKEY en<br /> 1856, on est davantage convié à en saisir la cohérence et la signification globale, qu'à en retenir chacun des préceptes au pied de la lettre.<br /> Il reste que les invariants ou "tronc commun" demeurent, tantôt explicitement, tantôt implicitement :<br /> <br /> 1. La foi dans le GADL'U qui est Dieu et en sa volonté révélée<br /> 2. La présence des 3 Grandes Lumières sur l'autel des serments, dont obligatoirement la Sainte Bible<br /> 3. L'interdiction de discussions politiques et religieuses en loge<br /> 4. La souveraineté de la Grande Loge sur les 3 degrés symboliques du métier<br /> <br /> Les autres articles, quand ils existent, sont souvent ajoutés pour préciser tel ou tel de ces points cardinaux, en regard de l'usage, de la tradition et de l'histoire, ou pour jeter les fondements<br /> d'une organisation du métier qui en toute logique, trouverait mieux sa place dans les statuts et règlements civils de ladite Grande Loge.<br /> <br /> LA RECONNAISSANCE<br /> <br /> À l'instar des États qui sollicitent la reconnaissance de nations plus anciennes ou plus puissantes dans un but politique, sécuritaire, culturel ou économique, les Grandes Loges sollicitent leurs<br /> aînées pour entrer dans le cercle international de la fraternité, afin de contribuer à l'évolution du métier, de s'enrichir mutuellement de leurs apports respectifs et de leurs réflexions,<br /> d'échanger et de permettre l'inter-visite de leurs membres, de se porter mutuellement aide et protection.<br /> Cependant, certaines règles en usage au sein de la franc-maçonnerie régulière anglo-saxonne, facilitent cette reconnaissance en posant pour principe que :<br /> <br /> Une Grande Loge est formée par la réunion volontaire sur un même territoire, d'au moins trois loges régulièrement consacrées et reconnues, dont la pétition est reçue par une Grande Loge régulière<br /> qui la consacre, actant ainsi sa reconnaissance originelle.<br /> <br /> C'est à partir de cet acte de baptême que la nouvelle Grande Loge élargira peu à peu le cercle de ses soutiens et de sa reconnaissance internationale. Car aucune reconnaissance est universelle,<br /> elle se cultive au cas par cas par le biais d'échanges réguliers aux travaux de l'une et de l'autre, par la nomination de garants d'amitié, véritables ambassadeurs, représentants plénipotentiaires<br /> ou purement protocolaires, etc.<br /> Dans ces conditions, on comprendra qu'un corps maçonnique ne peut seul, se déclarer régulier et solliciter la reconnaissance d'autres Grandes Loges, sans avoir été lui-même déjà constitué, consacré<br /> et donc "parrainé" par une autre Grande Loge régulière reconnue… Cet écueil est celui contre lequel échouent régulièrement toutes les tentatives faites par la Grande Loge de France, notamment<br /> auprès de la Conférence des Grands Maîtres d'Amérique du Nord.<br /> <br /> Il est une évidence : Nulle Grande Loge ne saura
Répondre
J
Etude toujours aussi remarquable, Bruno.<br /> Rappellons que à la GLUA longtemps le livre etait les constitutions d'anderson.<br /> Il y a vraiment une question essentielle qui n'est plus tabou pour la GLUA :distance du Dieu des religions ainsi que mixité.<br /> Pour les anglais c'est comme l'euro : ils ne le presenteront en referendum que s'ils sont surs de gagner.<br /> De même, la resolution de 1989 est enterinée, mais il faut un vote pour l'inscrire dans les constitutions.<br /> <br /> A quelques exceptions près, pas plus de ferveur religieuse chez les membres GLUA qu'au GODF.<br /> Mais renoncer au GDALU rend totalement incomprehensibles les grades de sagesse au GO. Les Anglais sauront certainement être plus avisés.<br /> <br /> Donc une voie Andersonienne, y compris mixte n'est pas redhibitoire de la reconnaissance au contraire.<br /> <br /> Les principaux obstacles vus par la GLUA sont plutôt les voies deistes REAA ou pire RER.<br /> Et du côté REAA difficile d'imaginer un retour vers cette FM andersonnienne tant haïe !<br /> <br /> Alors la tactique GLNF d'un FM du craft envellopée dans des rites de GL(andersoniens) et du royal arch sous dependance de la GL etait le compromis acceptable !<br /> Mais des installations rite REAA ou RER(je ne parle pas des rituels de compromis de la GLNF) sont innaceptables pour la GLUA.<br /> A un moindre degré, une installation pur RF(rite modern en fait) sans adaptation avec R arch poserait probleme aussi.<br /> <br /> Donc il ne faut pas se tromper d'objectifs ni d'objections.
Répondre
S
Mon Bien Aimé Frère Bruno,<br /> Excellent article par lequel les choses sont clairement et simplement énoncées et établies. Coïncidence des calendriers de parution, mon propos plus polémique, surement, avait aussi entre autre but<br /> de démontrer que la simple volonté de revendiquer et vouloir s’accaparer une vérité d’interprétation pour en faire celle du plus grand nombre devenait lassant et désolant. A l’encontre même de son<br /> but initial, certains sont parvenus à faire ressortir ce qu’il y avait de pire chez l’homme. Dernière question peut-être mais d’une toute autre nature : Avons-nous besoin de cet anschluss<br /> maçonnique européen pour dire lesquels d’entre nous sont de véritables Frères ? Revendication d’un nouveau pouvoir ? Recherche d’un critère d’éligibilité ou d’existentialité aux yeux de certains et<br /> plus matériellement course aux effectifs que l’on a déjà trop connus ? Ne reproduisons pas les erreurs du passé.<br /> Cette maxime de Mac Arthur garde toute sa réalité et devrait je pense nous prévenir de l’avenir que certains nous réservent : « Des moutons dirigés par un lion sont plus redoutables que des lions<br /> dirigés par un âne ». Vigilance et Persévérance !<br /> Merci pour cette excellente contribution pour le bien de tous.<br /> Avec mon affection toute fraternelle<br /> Semper-Fi.
Répondre
B
<br /> <br /> Mon cher F.,<br /> <br /> <br /> Je crois à cette évolution sur fond de crise de la GLNF pour montrer l'obscurantisme de système que beaucoup défendaient encore au nom d'une légitimité, ou de serments qui n'avaient plus de sens<br /> dès lors qu'ils étaient à sens unique, ou que ceux qui les recevaient au nom de la FM s'en attribuaient les droits.<br /> <br /> <br /> La Tradition était devenue archaïsme sectaire, et il a fallu le danger que ce cancer représentait pour l'ensemble de la FM pour que nos voisines les premières concernées, repensent avec nous<br /> l'Esprit de la FM auquel Pisan n'avait plus à opposer que des textes trafiqués et des diktats.<br /> <br /> <br /> Il faut évidemment échapper à la course à l'effectif qui est pour une grande part responsable de la chute de la GLNF en ce qu'elle a ouvert notre institution à de nombreux profiteurs qui ne<br /> s'embarrassent pas de nos idéaux et qui ont largement et impunément abusé la confiance des FF.<br /> <br /> <br /> Dans le même temps la fréquentation pour les proscrits d'autres GGLL qui les ont accueilli sans leur poser de question a été l'occasion d'une grande leçon de fraternité. L'on ne peut plus<br /> les ignorer au nom de principes de Régularité et de Reconnaissance qui apparaissent à l'examen disparates et subjectifs.<br /> <br /> <br /> Je crois et j'espère que c'est avec ces GGLL et dans ce nouvel esprit que nous refonderons la FM.<br /> <br /> <br /> Frater.<br /> <br /> <br /> <br />
G
Bonjour BAF Bruno Martin,<br /> <br /> Pourrais-tu nous éclairer sur la validité actuelle du texte cité comme version 1989 des Basic Principles ?<br /> On retrouve actuellement sur le site de l'UGLE un texte identique à la rédaction de 1929 et en particulier les points 1/ et 4/ que je cite :<br /> <br /> 1. Regularity of origin; i.e. each Grand Lodge shall have been established lawfully by a duly recognized Grand Lodge or by three or more regularly constituted Lodges<br /> ....<br /> 4. That the membership of the Grand Lodge and individual Lodges shall be composed exclusively of men; and that each Grand Lodge shall have no Masonic intercourse of any kind with mixed Lodges or<br /> bodies which admit women to membership<br /> <br /> Les Constitutions actuelles datant de 2009, les textes de 1989 sont-ils encore pertinents ? (le site qui l'héberge n'est pas un site UGLE)<br /> <br /> Merci pour tes lumières.<br /> <br /> Fraternellement
Répondre
B
<br /> <br /> Mon cher F,<br /> <br /> <br /> Le post que j'ai mis en ligne est une compilation, accompagnée de courts commentaires, de sources qui apparaissent fiables, et que j'ai citées. Il était difficile de proposer un texte trop<br /> long prenant en compte les circonstances de chaque disposition. Chacun peut préciser ou prolonger par ses propres recherches les information recueillies.<br /> <br /> <br /> Pour ce qui concerne le texte de 1989, et la Clarification de 2007, qui n'apparaissent pas en effet dans les constituions de la GLUA, leur existence, et leur citation comme acquises, est reprise<br /> dans presque tous les textes qui sont consacrés à l'évolution de la GLUA, par des sources maçonniques ou encyclopédiques. Pourquoi dès lors ne sont-elles pas reprises dans les constitutions de la<br /> GLUA?<br /> <br /> <br /> La raison semble être inhérente, d'une part aux nombreuses disparités constatées entre des GGLL régulières, et reconnues malgré de grandes différences dans leurs règles issues d'environnements<br /> culturels ou historiques très prégnant qui ont été respectés même quand ils sont en contradiction avec la tolérance et l'universalité maçonniques, et d'autre part au fonctionnement même de la<br /> GLUA, laquelle n'anticipe pas les évolutions. Elle les observe, et les entérine lorsqu'elles se sont imposées dans les esprits voir dans les pratiques, évitant ainsi les révolutions.<br /> <br /> <br /> Dans le cas qui nous occupe, il est un point que tout le monde n'a pas encore admis, c'est celui de la mixité, c'est pourquoi certaines GGLL n'ont pas supprimé l'obligation restrictive sur ce<br /> point (cf. Amérique du Nord en lien dans le post).<br /> <br /> <br /> Ainsi, la rédaction de 1989, et la Clarification de 2007, qui sont des avenants prudents, que l'on analyse souvent par défaut, par leur différence avec le texte auquel ils succèdent, ne sont-ils<br /> pas encore intégrés aux constitutions qui ne sont modifiées que lorsque l'unanimité est acquise. Il n'en reste pas moins que, dans l'intervalle, qui peut être fort long, ces textes sont<br /> applicables et opposables.<br /> <br /> <br /> Si l'on se limite au point n1 de 1929, il y est en effet question d'une GL Reconnue, ou de 3 LL régulièrement constituées. Si j'applique cette question à l'AMF, celle-ci a été créée par 3 LL et<br /> plus régulièrement constituées (en fait 3 LL de chacun des 6 rites pratiqués au sein de l'Alliance);<br /> <br /> <br /> Pour le point n4 qui disparaît dans la rédaction de 1989, il semble clair que la GLUA n'autorise pas encore ce qu'elle n'interdit plus, mais ne s'interdit plus à elle-même de considérer cette<br /> éventualité. Cela paraît très alambiqué, mais le point important est qu'elle a fait sauter le verrou.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bien à toi, frater.<br /> <br /> <br /> <br />

Archives

Articles récents